Retracer le parcours de Joaquín Pasos (1914-1948) revient, à peu de choses près, à se lancer dans un monde nébuleux fait d’absences et de chants mélancoliques. Auteur aux nombreux hétéronymes, le poète nicaraguayen n’a rien à envier à la Cesarea Tinajero, orbite obscure des Détectives sauvages de Roberto Bolaño. A cette différence près que Joaquin Pasos n’a jamais jamais bougé de Granada, sa ville natale. Membre du groupe Vanguardia, il a collaboré à de nombreuses revues et a été emprisonné pour ses caricatures du dictateur Somoza. Figure complexe, il laisse une oeuvre poétique protéiforme, marquée par la désacralisation, l’humour féroce et l’influence des avant-gardes européennes, qui ne sera publiée que vingt ans après sa mort, avec le concours de son ami Ernesto Cardenal. Il est pour la première fois traduit en français.
Livre : Chant de guerre des choses (AdamPollo, 2020)