José Manuel Torres Funes fait partie d’une nouvelle génération d’écrivains latino-américains qui, loin de leur pays, réinventent les territoires qu’ils ont laissés derrière eux. Dans son cas, la vie l’a conduit en France, où il vit avec sa famille depuis 2012. Avec ce recueil de nouvelles, il s’aventure dans le long pèlerinage de la migration des mots, faisant face à un miroir toujours inattendu qui, selon ses propres termes, lui redonne généralement une identité multiforme et bouillonnante.
L’auteur hondurien semble surtout nous suggérer que la liberté intellectuelle commence par le rire, au début de cet inquiétant portrait de la puissance et de la fragilité humaines, qui prend Tegucigalpa comme toile de fond mais qui pourrait impliquer n’importe quelle ville située entre la longitude de la corruption et la latitude de la violence. Dans ces deux récits, on éprouve la nostalgie d’un monde moins féroce, plus humain et naïf, auquel les personnages tentent de retourner en vain, à la fois victimes et prisonniers de leurs propres erreurs, d’une société qui écrase ceux qui ont la mauvaise idée de vouloir faire marche arrière. Ici, il n’y a pas de rédemption, pas de pardon, la seule issue possible est peut-être celle de l’imagination… parfois mortelle… Les personnages désespérés et urgents de la liberté, assument cette option pour échapper enfin à la réalité oppressante.
Livre : Esta tarde vi llover (2017)