Romance in Marseille

Romance in Marseille a patienté près de 90 ans avant de trouver un éditeur. Écrit en 1932 à Tanger, le roman nous plonge, trois ans après la publication de Banjo, dans l’univers foisonnant de la « Fosse », le Quartier réservé de Marseille. Le lecteur suit les mésaventures de Lafala, un docker ouest-africain, qui revient à Marseille après avoir été dépouillé de tout son argent par la belle Aslima. Embarqué clandestinement sur un paquebot et enfermé dans des latrines pendant la traversée de l’Atlantique, il est amputé de ses deux jambes à son arrivée aux États-Unis. Remettant son sort entre les mains d’un avocat douteux, Lafala empoche une grosse somme d’argent et retourne dans le « port des Rêves », espace frontière entre la terre et la mer, où il retrouve les déracinés de la Jetée et ses illusions perdues.

Personnage complexe et fascinant, tour à tour journaliste, poète, porte-parole révolutionnaire à Moscou, docker et romancier, McKay se fait le chroniqueur de la question raciale aux États-Unis et en Europe, abordant la place des populations noires sous un angle social et non communautariste. A la fin des années 1920, il s’établit à Marseille, près du Vieux-Port, où il se forge une identité diasporique, découvrant non seulement dans la cité phocéenne une « Porte de l’Afrique », mais aussi la dimension transatlantique de la migration noire. « Ce fut un soulagement que d’aller vivre à Marseille parmi des gens à la peau noire ou brune, qui venaient des États-Unis, des Antilles, d’Afrique du Nord et d’Afrique occidentale, et se trouvaient tous rassemblés pour former un groupe chaleureux. […] C’était bon de sentir la force et la différence d’un groupe social, et d’avoir la certitude d’en faire partie. » (extrait de son autobiographie, Un sacré bout de chemin, publié chez André Dimanche en 2001).

Banjo et Romance in Marseille, ses deux romans marseillais, sont en outre des documents historiographique importants, en ce qu’ils constituent des témoignages rares sur l’extraterritorialité et le quartier disparu de la Fosse (le « Quartier réservé », dynamité en 1943 par les nazis), la vie des ouvriers Noirs sur la Jetée et l’émulation des styles musicaux venus d’Amérique du nord et des Antilles (blues, jazz, biguine, etc.).

Né en Jamaïque en 1889, Claude McKay est considéré comme l’un des écrivains littéraires et politiques les plus emblématiques de la Renaissance de Harlem, reconnu pour son intense engagement à exprimer les défis et les problématiques auxquels sont confrontés les Noirs aux Etats-Unis et en Europe. Personnage complexe et fascinant, il est l’auteur de recueils de poésie et de romans, parmi lesquels Home to Harlem (1928), Banjo (1929) et Banana Bottom (1933). Son autobiographie, Un sacré bout de chemin, a été traduite et publiée chez André Dimanche en 2007. Claude McKay est mort en 1948 à Chicago.
Première édition de Banjo (1929)
Première édition de Banjo (1929)

ISBN : 979-10-97210-06-9
200 pages / Vingt et un euros
Traduction : Françoise Bordarier & Geneviève Knibiehler
Dessin de couverture : Carlos Chirivella Lopez
Parution : 3 juin 2021